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"Revoir Paris", film émouvant avec Virginie Efira et Benoît Magimel, a été projeté samedi au Festival de Cannes, avant la présentation dimanche de "Novembre" de Cédric Jimenez, autre long-métrage sur les lendemains des attentats de Paris en 2015.
"Revoir Paris", à la Quinzaine des réalisateurs, suit le parcours de deux rescapés de l'attaque terroriste d'une brasserie, qui se croisent dans un groupe de parole revenu sur les lieux quelques mois plus tard. "Novembre" (hors compétition) est une plongée au cœur de l'anti-terrorisme les jours suivant les évènements, avec Jean Dujardin.
Ces deux films s'inscrivent dans une année 2022 où le grand écran s'est attaché aux attaques jihadistes du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, en banlieue. Ces attentats ont fait 130 morts, dont 90 dans la salle du Bataclan avec un assaut en plein concert.
En février, un film en compétition à la Berlinale, "Un año, una noche", dressait d'ailleurs le bouleversant portrait de survivants de l'attaque du Bataclan. Dans "Amanda" (2018), l'attentat n'était pas relié à ceux de 2015.
Pour "Revoir Paris", Alice Winocour s'est inspirée de l'histoire de son frère, un rescapé du Bataclan et de la communauté des survivants qu'elle a pu approcher.
Mia, jouée par Virginie Efira, ne se souvient plus de l'attaque quand Thomas, incarné par Benoît Magimel, se souvient de tout.
- "Comme des fantômes" -
"L'attentat est comme un trou noir, le miroir a éclaté, après il faut recoller les morceaux, elle le fait dans cette relation et dans toute une sorte de chaîne (de rencontres d'autres survivants)", explique à l'AFP la cinéaste, après une projection longuement applaudie.
"Les personnages de Mia et de Thomas sont un peu pour moi comme des fantômes, un peu dans les limbes, ne font plus partie de la communauté humaine". "Elle déambule dans sa mémoire mais revient petit à petit dans le monde réel", glisse la réalisatrice.
Le sujet est lourd mais jamais cafardeux. Alice Winocour, dont c'est le 4e long-métrage, a choisi Virginie Efira car elle collait à ce personnage "qui ne s’apitoie pas sur elle-même".
Benoît Magimel, rencontré par l'AFP, s'est également retrouvé dans Thomas. "Avec le temps, j'aime bien trouver des rôles en résonance avec des choses que je peux avoir vécues, là j'y ai trouvé des choses que je comprenais, comme se réparer à plusieurs, et puis il ne se victimise pas". Benoît Magimel a combattu dans sa vie des addictions à la drogue.
Le comédien est parfait dans le rôle de cet homme cassé qui répare les autres. "J'aime filmer dans tous mes long-métrages une sorte de fragilité derrière la carapace, comme Matt Dillon dans +Proxima+ ou Matthias Schoenaerts dans +Maryland+ qui abordait déjà le sujet du post-traumatisme", dissèque la cinéaste.
- "La mort, pour parler de la vie" -
"Ça m'a rappelé +De son vivant+ (Emmanuelle Bercot) où on partait aussi de la mort pour parler surtout de la vie", met en parallèle Benoît Magimel, qui a obtenu un César pour ce film.
"Revoir Paris" aborde aussi les proches, ceux qui n'étaient pas sur les lieux des attentats, et qui n'arrivent plus à communiquer avec les survivants. "Comment votre compagnon, votre épouse peut comprendre ça ? C'est pour ça qu'ils ont besoin d'être au contact des autres survivants", insiste Benoît Magimel.
"Ça m'a fait penser à +Voyage au bout de l'enfer+, Robert de Niro a besoin de son ami (Christopher Walken), il repart là-bas (au Vietnam) pour le ramener, pour se guérir avec lui", développe-t-il.
Chez Michael Cimino, ça finit mal. Dans "Revoir Paris", on entrevoit la lumière. "Tous ce que les terroristes veulent détruire est toujours là, la chaleur humaine, les lumières de Paris" conclut Alice Winocour.
P.Grant--TFWP