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Prabowo Subianto, ex-général de 73 ans, a prêté serment dimanche, devenant le huitième président de l'Indonésie avec pour ambition d'affermir le rôle de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est sur la scène internationale.
L'ex-ministre de la Défense qui succède à Joko Widodo, surnommé "Jokowi", au pouvoir depuis 2014, l'avait très largement emporté dès le premier tour de l'élection présidentielle en février dernier face à deux autres candidats, malgré des accusations d'atteintes aux droits humains sous l'ère Suharto.
"Je jure que je remplirai les fonctions de président de la République d'Indonésie le mieux possible et le plus équitablement possible, que je respecterai la Constitution et que j'appliquerai toutes les lois et réglementations aussi strictement que possible", a déclaré Prabowo devant la réprésentation nationale.
Après sa prestation de serment, doit se rendre au palais présidentiel Merdeka où Joko Widodo lui remettra les rênes après une décennie au pouvoir.
En matière de politique étrangère, Prabowo s'est engagé à s'inscrire dans la stratégie des non-alignés chère à l'Indonésie, tout en promettant d'être plus audacieux.
- Soutenu par Jokowi -
Après une première visite en Chine à la suite de son élection, il s'est rendu en Russie, en Arabie saoudite et en Australie où il signé un nouvel accord de sécuriré.
L'ex-militaire hérite de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est et des plus grandes réserves mondiales de nickel. Il prend la tête d'un pays de 280 millions d'habitants dont environ la moitié a moins de 30 ans.
Pour assurer son élection à sa troisième tentative, ses détracteurs lui reprochent d'avoir bénéficié d'un fort soutien de Jokowi, accusé d'avoir mis les ressources de l'Etat au service du candidat et de son colistier Gibran, qui n'est autre que le fils aîné du président sortant, âgé de 37 ans.
La sécurité a été renforcée à Jakarta pour la cérémonie d'investiture avec environ 100.000 policiers et militaires mobilisés. La circulation est restreinte dans le centre de la capitale alors que Prabowo doit parader entre le Parlement et le palais présidentiel.
Des dizaines de milliers d'Indonésiens étaient attendus le long du parcours pour saluer le huitième dirigeant du pays devenu indépendant en 1945, après des siècles de domination néerlandaise.
Plusieurs dirigeants ou responsables étrangers ont assisté à la cérémonie d'investiture, dont le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le vice-président chinois Han Zheng.
- "Grand-père sympa" -
Des ONG et d'anciens chefs militaires accusent Prabowo, alors à la tête d'une unité de forces spéciales, d'avoir ordonné l'enlèvement de militants pro-démocratie sous le régime du dictateur Suharto, à la fin des années 1990.
Selon la Commission des disparus et des victimes de violences (Kontras), 23 militants ont été enlevés entre 1997 et 1998.
Neuf ont été retrouvés vivants, un a été retrouvé mort et 13 sont toujours portés disparus.
Démis de ses fonctions militaires en 1998 en raison de ces disparitions, Prabowo a toujours rejeté ces accusations et n'a jamais été inculpé.
Longtemps privé de visa par les États-Unis et par l'Australie pour ces allégations de violation des droits humains, il a connu un retour en grâce en tant que ministre de la Défense et a effectué de nombreuses visites à l'étranger dans ces fonctions, y compris à Washington et Canberra.
Durant la campagne électorale, son équipe a remodelé son image pour en faire un "grand-père sympa", grâce notamment à une très forte présence sur les réseaux sociaux.
La décision de choisir Gibran comme colistier pour la vice-présidence s'est également révélée populaire, mais a aussi suscité la controverse. Il a en effet fallu une modification de la loi électorale par une commission présidée par le propre beau-frère de Jokowi pour abaisser l'âge des candidats et permettre ainsi à Gibran de se présenter.
Si Jokowi laisse un pays qui connaît une croissance stable autour de 5%, Prabowo se veut encore plus ambitieux avec un objectif élevé de 8% de croissance.
A.Nunez--TFWP