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Le Conseil de l'Europe a décerné lundi son prix des droits de l'homme Vaclav-Havel à l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, qui vit dans la clandestinité depuis la réélection contestée du président Nicolas Maduro en juillet.
Maria Corina Machado, 56 ans, première Latino-Américaine à remporter ce prix, a réagi en affirmant que "la dictature" dans son pays courait à sa "chute inévitable".
Succédant au Turc Osman Kavala, elle était en lice face au militant azerbaïdjanais Akif Gurbanov et à la féministe géorgienne Babutsa Pataraia.
"La signification de ce prix est immense, pas seulement pour moi mais pour tous ceux qui se battent ensemble, aujourd'hui, pour la cause de la liberté au Venezuela", a réagi l'opposante, s'exprimant à distance par visioconférence.
Le président Nicolas Maduro a remporté un troisième mandat lors de l'élection présidentielle du 28 juillet, dont les résultats n'ont pas été reconnus par l'Union européenne, les Etats-Unis et plusieurs pays d'Amérique latine.
Depuis le scrutin, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés. Quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
- "Continuer de me battre" -
Le candidat battu, Edmundo Gonzalez Urrutia, a fui en Espagne, tandis que Maria Corina Machado vit dans la clandestinité et a dénoncé l'arrestation de plusieurs membres de son cercle proche.
C'est sa fille Ana Corina Sosa qui est venue à Strasbourg recevoir le prix au nom de sa mère.
"En réponse à cette défaite cuisante, le régime a réagi avec brutalité. Des milliers de mes compatriotes, y compris des femmes et des enfants, ont été arrêtés et torturés", a dénoncé Maria Corina Machado.
"J'ai décidé de continuer de me battre aux côtés du peuple vénézuélien. Je suis convaincue que c'est ça qu'il faut faire, que c'est mon rôle", a-t-elle déclaré. "La dictature a commencé sa chute inévitable."
Quelque sept des 30 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2014 en raison de la crise politique et économique que traverse le pays.
Doté de 60.000 euros, le prix Vaclav-Havel récompense chaque année depuis 2013 une personnalité de la société civile pour ses "actions exceptionnelles en faveur des droits de l'homme en Europe et au-delà", rappelle l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).
- Opposant russe -
Chef de l'Etat tchécoslovaque puis tchèque de 1989 à 2003, Vaclav Havel, symbole durable de l'opposition au despotisme, est décédé en décembre 2011.
Le prix a été remis lundi en présence de l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza, lauréat il y a deux ans et qui n'avait pas pu être récompensé en personne car il était emprisonné.
Farouche critique du Kremlin, Vladimir Kara-Mourza a recouvré la liberté le 1er août, avec 15 autres personnes, dans le cadre du plus vaste échange de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux depuis la Guerre froide.
Vladimir Kara-Mourza s'est dit "profondément touché par ce prix", ajoutant qu'il "le considère avant tout comme une reconnaissance de tous mes compatriotes russes qui ont eu le courage de s'opposer au régime de Poutine et de dénoncer sa guerre meurtrière en Ukraine en sachant parfaitement quel serait le prix à payer pour cette prise de position".
La Russie compte aujourd'hui "plus de 1.300 prisonniers politiques", a-t-il dénoncé, "bien plus que toute l'Union soviétique dans ses dernières années".
En 2023, le prix Vaclav-Havel a été remis à l'homme d'affaires et philanthrope Osman Kavala, âgé de 66 ans.
Bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan, Osman Kavala est emprisonné depuis presque sept ans pour son rôle présumé dans les manifestations de Gezi en 2013 à Istanbul. Il a toujours nié les accusations portées contre lui.
B.Martinez--TFWP