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"Aujourd'hui, c'est une mauvaise journée pour tous les Rwandais". Ernestine Mukambarushimana a 30 ans, l'âge du génocide et avec des milliers d'autres, elle attend le début de la veillée nocturne en hommage aux victimes des massacres, une bougie à la main.
La semaine de commémoration, qui débute dimanche, lui fait du bien. "Je ne suis pas seule", dit-elle.
Trente ans après les 100 jours qui ont fait 800.000 morts, majoritairement dans la minorité tutsi, ils étaient des milliers à la BK Arena, salle polyvalente ultra-moderne de 10.000 sièges, à se recueillir, au son d'un choeur.
Mais ils racontent à l'AFP qu'ils partagent l'histoire tragique de leur pays, qu'ils aient perdu des membres de leur famille ou qu'ils se sentent liés par un devoir envers ceux qui ont tant souffert.
Ange Christian Kwizera avait sept ans quand il s'est retrouvé orphelin. Les miliciens hutu ont attaqué la paroisse de Mibilizi, dans le sud-ouest du Rwanda, où des Tutsi avaient cherché refuge.
Elevé dans une orphelinat catholique, il raconte qu'il a voulu devenir professeur d'histoire pour aider à "faire en sorte qu'il n'y ait plus jamais de génocide".
La grand-mère et des oncles de Rwakayiro Jean de Dieu, 28 ans, ont aussi été massacrés. "Nous sommes ici pour nous souvenir d'eux", dit-il.
Les cérémonies de dimanche marque le début d'une semaine de commémorations et de recueillement. La musique ne sera pas autorisée dans les lieux publics, ni à la radio. Evénements sportifs et films seront interdits de diffusion à la télévision, sauf s'ils sont liés aux commémorations.
- "Impossible d'oublier" -
Etudiant à l'université, Kwizera Uwimana Josue, raconte que ses parents l'ont amené à la veillée nocturne dès son plus jeune âge. "Ils voulaient que je sache ce qu'a traversé le Rwanda".
Il a depuis créé une organisation de promotion de la paix. "Mon rêve c'est ... un Rwanda en paix, où les citoyens sont unis".
Aujourd'hui, les cartes d'identité ne précisent plus si tel ou tel est Hutu ou Tutsi. Le Rwanda mène un travail de réconciliation, avec notamment la création en 2002 de tribunaux communautaires, les "gacaca" où les victimes pouvaient entendre les "aveux" des bourreaux. Ceux qui avouent sont souvent traités avec indulgence, autorités à rentrer chez eux ou à effectuer des travaux d'intérêt public.
Kwizera, instituteur, a perdu ses parents et d'autres membres de sa famille dans les tueries. Il croit aujourd'hui en la possibilité de pardonner. "Ce n'est pas facile, mais on essaye".
Mais les blessures restent profondes, reconnaît-il en regardant défiler devant lui des enfants qui se rendent à la veillée nocturne.
"La plupart d'entre eux ne connaissent pas le génocide", dit-il. "Mais pour nous, c'est impossible d'oublier".
F.Garcia--TFWP