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Le roi Charles III commémore vendredi les victimes allemandes des raids meurtriers commis par les alliés à Hambourg en 1943, dans un geste d'une haute portée symbolique pour la dernière journée de sa visite historique en Allemagne.
Après deux jours à Berlin, le souverain et son épouse, la reine consort Camilla, doivent prendre le train -chose rarissime pour une visite d'Etat- afin de se rendre dans la métropole portuaire, deuxième ville du pays.
Ils seront accompagnés du président allemand, Frank-Walter Steinmeier.
Le couple ira d'abord à la gare Dammtor déposer des fleurs au pied d'un monument à la mémoire d'enfants juifs envoyés en Grande-Bretagne pour échapper au nazisme, puis une couronne à l'église Saint-Nicolas, détruite par les bombardements aériens britanniques et américains en 1943.
La visite de l'église, laissée en ruine et qui sert de mémorial, est vue en Allemagne comme un signe de responsabilité et de réconciliation, le tabloïd Bild Zeitung lui attribuant "une grande importance".
Le roi Charles "s'est impliqué depuis des décennies dans la réconciliation germano-britannique après la guerre", comme sa mère Elizabeth II, note l'historienne Helene von Bismarck dans une tribune au journal britannique The Guardian.
- Opération Gomorrhe -
Le 24 juillet 1943, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis lancent l'opération "Gomorrhe", qui a coûté la vie à plus de 30.000 personnes à Hambourg. Elle fut l'une des attaques aériennes la plus meurtrières avec le bombardement de Dresde, à l'est.
Elizabeth II, décédée l'an passé, s'était rendue en 1992 à l'église Notre-Dame de Dresde, symbole de la destruction de la guerre et reconstruite depuis. Mais elle avait été reçue à l'époque par des jets d’œufs.
Aborder les souffrances endurées par les civils allemands durant la Deuxième Guerre mondiale reste un sujet très délicat et souvent tabou dans un pays responsable de la mort de six millions de juifs sous le nazisme.
Ces bombardements aériens n'en restent pas moins parmi les actions de guerre les plus controversées entreprises par les Alliés, car ils étaient destinés à terroriser la population et contraindre le régime d'Hitler à se rendre, au prix de dizaines de milliers de victimes civiles.
L'extrême droite allemande cite souvent les souffrances endurées lors de ces bombardements pour s'exonérer de la culpabilité liée au nazisme, qui marque le pays depuis les années 1970.
La réconciliation et l'avenir des relations germano-britanniques ont fait partie des grands thèmes de la visite de trois jours de Charles III, sa première à l'étranger en tant que roi.
Sa venue constitue aussi un geste européen important après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
La dernière visite de la reine Elizabeth II en Allemagne en 2015 avait déclenché un vif enthousiasme dans le pays.
Sa visite la plus marquante remonte à 1965, dans un Berlin partagé par le Mur. Elle est perçue comme le moment qui a scellé la réconciliation entre les deux pays après la Deuxième Guerre mondiale.
Son fils, qui s'est rendu plus de 40 fois en Allemagne, a été jeudi le premier monarque à s'adresser devant les députés du Bundestag, où il a notamment lancé un appel à l'unité des alliés contre l'invasion russe en Ukraine.
M.McCoy--TFWP