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La junte a prolongé mercredi de six mois l'état d'urgence en vigueur en Birmanie depuis le coup d'Etat survenu il y a deux ans, ce qui pourrait ajourner les prochaines élections malgré la volonté affichée des militaires de les organiser.
Rues désertées et manifestations sporadiques : les Birmans militant pour la démocratie ont de leur côté marqué d'une pierre noire le second anniversaire du putsch, à l'occasion duquel plusieurs pays occidentaux ont imposé de nouvelles sanctions aux généraux.
Le Conseil national de défense et de sécurité, composé de responsables militaires, a donné une suite favorable à la demande du chef de la junte Min Aung Hlaing de reconduire l'état d'urgence, a annoncé la chaîne de télévision publique MRTV.
Cette mesure d'exception avait été prise lorsque les militaires avaient renversé en février 2021 le gouvernement d'Aung San Suu Kyi, la lauréate du prix Nobel 1991 de la paix, aujourd'hui emprisonnée après avoir été condamnée dans une série de procès à huis clos à un total de 33 années de privation de liberté.
Ce dispositif devait expirer à la fin du mois de janvier, date au-delà de laquelle les autorités devaient, en vertu la Constitution, fournir un calendrier pour de nouvelles élections.
Mais, mardi, le Conseil national de défense et de sécurité, qui s'était réuni pour discuter de l'état de la nation, avait conclu qu'il n'était "pas encore revenu à la normale".
- L'armée "gardienne" de la Birmanie -
Plus d'un tiers des 330 districts que compte la Birmanie échappent au "contrôle total" de l'armée, a d'ailleurs reconnu mercredi le chef de la junte.
"Bien qu'il n'y ait pas d'actions de protestation en ce moment, la violence est toujours là", a-t-il encore dit, l'imputant à des "terroristes".
Dans un communiqué diffusé auparavant, la junte avait accusé ses opposants, dont les "Forces de défense populaire" (PDF) et un gouvernement fantôme animé par des députés du parti d'Aung San Suu Kyi, de chercher à prendre le pouvoir "par le soulèvement et la violence".
La question qui se pose désormais est de savoir si les élections que les généraux se sont engagés à organiser d'ici au mois d'août pourraient dans ces conditions avoir lieu.
"Notre gouvernement oeuvrera à l'organisation d'élections dans toutes les régions du pays afin que le peuple ne perde pas ses prérogatives démocratiques", a à cet égard affirmé mercredi Min Aung Hlaing.
Le chef de la junte avait précédemment martelé que les élections ne pourraient se dérouler que quand la Birmanie serait "pacifiée et stable".
Toutefois, "l'armée sera toujours la gardienne des intérêts de l'État et du peuple (...) sous quelque gouvernement que ce soit", a-t-il pris soin dans la foulée de préciser.
- Rues quasi-désertes -
Les routes menant à la célèbre pagode Shwedagon - un sanctuaire bouddhiste qui domine l'horizon et est habituellement rempli de fidèles - étaient en grande partie désertes.
La plupart des bus circulant ailleurs à Rangoun étaient vides et la sécurité était très présente.
Environ 200 partisans des militaires ont cependant défilé dans le centre-ville historique en début d'après-midi, escortés sur une partie de leur itinéraire par des soldats, ont constaté des journalistes.
Le calme régnait également dans la deuxième ville, celle de Mandalay, a raconté un de ses habitants à l'AFP.
"Il y a quelques personnes qui se promènent ici et là dans les quartiers mais presque aucune activité sur les principales artères", a-t-il témoigné, requérant l'anonymat.
Sur les images des médias locaux, on pouvait voir des rues désertes dans la ville de Mawlamyine, dans l'est.
L'ambassade des Etats-Unis a quant à elle mis en garde contre une "augmentation des activités et des violences contre le régime" pendant les jours entourant l'anniversaire.
A Bangkok, environ 400 manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade de Birmanie, certains scandant des slogans hostiles à l'armée et tenant des portraits d'Aung San Suu Kyi.
Les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale, ont de leur côté annoncé une nouvelle série de sanctions pour marquer cet anniversaire, visant les membres de la junte et les entités qu'elle soutient.
Plus de 2.900 personnes ont été tuées dans la répression de la dissidence par l'armée depuis qu'elle a pris le pouvoir et plus de 18.000 ont été arrêtées, selon un groupe de surveillance local.
W.Knight--TFWP