
AEX
-3.8700
La Cour suprême brésilienne doit décider à partir de mardi si elle ouvre un procès contre Jair Bolsonaro pour un projet présumé de coup d'Etat, qui pourrait valoir une lourde peine de prison à l'ex-président d'extrême droite.
Le parquet accuse M. Bolsonaro, 70 ans, d'avoir été le leader d'une "organisation criminelle" qui aurait conspiré de longue date pour empêcher le retour au pouvoir du président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, son tombeur lors de l'élection de 2022.
L'ancien chef de l'Etat (2019-2022) encourt une peine cumulée pouvant dépasser les 40 ans de prison. Il se dit victime de "persécution" et espère pouvoir concourir à la présidentielle de 2026 malgré son inéligibilité actuelle.
Au total, 34 personnes ont été inculpées en février, dont plusieurs ex-ministres et des militaires de haut rang.
Cinq des onze juges de la Cour suprême doivent évaluer s'ils disposent d'éléments suffisants pour ouvrir un procès pénal contre Jair Bolsonaro et sept autres inculpés, tous soupçonnés d'avoir fait partie du "noyau crucial" du complot présumé.
La décision des magistrats pourrait être annoncée dès mardi, ou mercredi, selon la durée des débats.
Le premier à se prononcer sera Alexandre de Moraes. Honni du camp Bolsonaro, ce puissant juge est en charge de plusieurs dossiers concernant l'ex-président.
La sécurité a été renforcée autour du siège de la Cour suprême à Brasilia, où les débats doivent débuter à 09h30 (12h30 GMT).
Selon le parquet, les velléités putschistes de Jair Bolsonaro et de ses proches collaborateurs ont commencé à se manifester bien avant le scrutin d'octobre 2022, par le biais d'une tentative de semer le discrédit sur le système d'urnes électroniques en vigueur au Brésil.
Après l'échec de l'ex-président dans sa tentative de réélection, le plan présumé aurait prévu l'élaboration d'un décret prévoyant la convocation d'un nouveau scrutin, mais aussi l'assassinat de Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et du juge Moraes.
Le coup d'Etat n'a finalement pas eu lieu, faute de soutien de membres du haut commandement militaire, selon le ministère public.
- "Procès politique" -
L'accusation s'appuie sur un rapport d'enquête de près de 900 pages de la police fédérale.
Ce rapport mentionne également les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia. Une semaine après l'investiture de Lula, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient alors envahi et saccagé les bâtiments de la Cour suprême, du Parlement et le palais présidentiel.
Ces images avaient rappelé l'assaut du Capitole à Washington deux ans plus tôt par des partisans de Donald Trump.
M. Bolsonaro, qui se trouvait aux Etats-Unis ce jour-là, balaie toutes les accusations qui pèsent contre lui et fustige "un procès politique".
La défense des accusés a réclamé en vain la récusation de trois des cinq juges qui se réuniront mardi.
Parmi eux : Alexandre de Moraes. Les avocats estiment que son "intérêt personnel" est en jeu, dans la mesure où il aurait été visé par une supposée tentative d'assassinat.
Le troisième fils de l'ancien président, Eduardo Bolsonaro, a annoncé qu'il se mettait temporairement en retrait de son mandat de député pour s'installer aux Etats-Unis et y dénoncer "l'acharnement totalitaire" du juge Moraes.
- "Déni de démocratie" -
Inéligible jusqu'en 2030 en raison de ses attaques sans preuves contre les urnes électroniques, Jair Bolsonaro espère encore voir cette sanction annulée ou réduite pour lui permettre d'être candidat en 2026.
L'ex-président compare souvent sa situation à celle de Donald Trump, de retour à la Maison Blanche malgré ses démêlés avec la justice. Il espère que le président américain, sa référence politique majeure, jouera de son "influence" en sa faveur.
Le 16 mars à Rio de Janeiro, M. Bolsonaro a affirmé face à des milliers de partisans que son absence du scrutin en 2026 serait un "déni de démocratie". Ce rassemblement avait toutefois connu une affluence moins importante que de précédentes manifestations du même genre.
La prochaine présidentielle est également marquée par l'incertitude à gauche. Lula, dont la popularité est plombée par l'inflation, n'a pas levé le voile sur ses intentions.
J.P.Cortez--TFWP