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Carlos Correa, directeur d'une ONG réputée de défense des droits humains et de la liberté d'expression au Venezuela, a été remis en liberté jeudi après neuf jours en détention inexpliqués.
"Aux premières heures de ce 16 janvier, notre directeur Carlos Correa a été remis en liberté", a indiqué l'ONG Espacio Publico sur le réseau social X.
"Nous remercions toutes les personnes, organisations, gouvernements et collectifs qui se sont associés aux appels pour sa libération. Nous poursuivons le travail pour la défense et la dignité humaine", a ajouté cette organisation.
Professeur d'université et figure respectée, faisant autorité en matière de liberté d'expression et de la presse au Venezuela, M. Correa faisait partie des personnes arrêtées le 7 janvier, trois jours avant l'investiture du président Nicolas Maduro pour un troisième mandat de six ans malgré les accusations de fraudes électorales de l'opposition.
L'ancien candidat à la présidentielle Enrique Marquez ou le gendre d'Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition revendiquant la victoire à la présidentielle, ont également été arrêtés et sont toujours détenus.
Correa, qui n'a jamais pu communiquer avec sa famille, n'a pas eu accès à son dossier. Comme souvent au Venezuela, il n'a pas pu choisir son avocat et s'est vu imposer un avocat désigné par les autorités, a-t-on appris auprès de son entourage. Il ne sait pas de quoi il est accusé mais son dossier est entre les mains d'un tribunal spécialisé en terrorisme. Ce qui est fréquent également pour les opposants ou activistes.
Carlos Correa "a été détenu neuf jours mais n'aurait jamais dû l'être car c'est un militant et un homme intègre", a dénoncé le syndicat de la presse vénézuélienne SNTP.
Gustavo Petro, le premier président de gauche de la Colombie voisine, s'est félicité de sa libération et a appelé sur X à la libération de toutes "les personnes détenues dans le cadre des élections et post-élections".
Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur de la présidentielle de juillet avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n'a cependant pas publié les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d'un piratage informatique. Une explication jugée peu crédible par de nombreux observateurs.
L'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, assure que son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 67% des voix lors du scrutin du 28 juillet.
La répression des manifestations après l'annonce de la victoire de M. Maduro a fait 28 morts et environ 200 blessés, et plus de 2.400 personnes ont été arrêtées. Un peu moins de 1.500 ont été libérées dans les mois qui ont suivi mais des détentions d'opposants et de militants se sont poursuivies.
Selon un décompte de l'ONG Foro Penal, 83 personnes ont été arrêtées pour des raisons "politiques" entre le 1er et le 12 janvier.
La victoire de Nicolas Maduro au scrutin de juillet n'a pas été reconnue par une grande partie de la communauté internationale.
Quatorze pays de l'Organisation des États américains (OEA), dont les États-Unis, ont publié jeudi une déclaration conjointe dans laquelle ils "rejettent l'investiture présidentielle de Nicolas Maduro le 10 janvier, faute de légitimité démocratique".
J.Ayala--TFWP