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Vingt-et-un mois après son violent accident routier sous drogues, Pierre Palmade a été condamné mercredi à cinq ans de prison dont deux ferme au terme d'un procès qui l'a confronté à ses victimes, dans cette affaire ultra-médiatisée.
Après une grosse heure de délibéré, le tribunal de Melun l'a reconnu coupable de blessures involontaires sur une famille dans la collision qu'il a provoquée sur une route de Seine-et-Marne le 10 février 2023 en conduisant sous l'emprise de stupéfiants.
Conformément aux réquisitions du parquet, les juges l'ont condamné à cinq ans de prison, dont trois avec un sursis probatoire. Pour les deux ans de prison ferme, le tribunal a délivré un mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire.
Pierre Palmade sera incarcéré dans la région de Bordeaux, où il réside.
Apparaissant très marqué, l'humoriste de 56 ans s'est adressé directement durant le procès aux victimes, à l'occasion de sa première expression publique dans cette affaire ultra-médiatisée.
"Je voudrais vous demander pardon du plus profond de mon être", a-t-il déclaré la main sur le ventre, des petits yeux d'enfant plantés au milieu d'un visage livide.
Ce drame est un accident corporel de la route parmi les 52.000 recensés en France métropolitaine cette année-là. Mais la notoriété de cet artiste populaire à l'image sympathique va déclencher une tempête médiatique, révélant la face sombre d'un homme englué dans la toxicomanie.
Ce vendredi 10 février 2023, Pierre Palmade fait la fête en continu sans dormir depuis trois jours entre Paris et sa maison de campagne de Cély-en-Bière, alternant injections de 3MMC (une drogue de synthèse), prises de cocaïne et parties de "chemsex" avec des "sex friends". "On est vraiment comme des zombies, des légumes, nus, ensanglantés", a-t-il décrit aux juges.
Avec deux compagnons à bord, il prend le volant pour aller faire des courses. "Je nous vois tous les trois sortir euphoriques de la maison et après c'est le noir, j'ouvre les yeux et je suis (à l'hôpital du) Kremlin-Bicêtre", a raconté Pierre Palmade, qui dit n'avoir aucun souvenir de l'accident.
Sur son lit d'hôpital, ses proches lui expliquent ce qu'il s'est passé. Et là, "je comprends que je suis en enfer", a confié l'artiste, affaibli par un AVC survenu peu après.
- 17 mois d'abstinence -
Dans le véhicule arrivant en face de la Peugeot de Pierre Palmade, trois personnes sont grièvement blessées par l'impact: un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-sœur de 27 ans, qui perd après le choc le bébé qu'elle attendait.
Leurs pronostics vitaux un temps engagés, ils subissent aujourd'hui encore de lourdes séquelles physiques et psychologiques. Des vies brisées auxquelles l'auteur de théâtre a été confrontée à l'ouverture de son procès.
Enceinte de six mois lors de l'accident, la passagère a subi une césarienne en urgence. Sa fille à naître, prénommée Solin, a été déclarée morte après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.
"C'est très difficile pour moi d'être présente aujourd'hui dans cette salle, il y a un gros travail fait avec ma psychiatre", a déclaré la jeune maman d'une fillette de deux mois, atteinte d'un syndrome de stress post-traumatique.
Le bras gauche en écharpe, s'avançant vers la barre avec une infinie lenteur à l'aide d'une béquille, le conducteur Yuksel Y. a décrit sa nouvelle vie circonscrite par la douleur et les blessures.
"J'étais chef d'équipe, j'avais des amis, pendant le weekend j'essayais de profiter avec mes enfants, ma famille (...), aujourd'hui je ne peux plus faire ce genre de choses", a-t-il témoigné via une interprète en turc.
Depuis 17 mois et sa sortie en boîte de nuit à Bordeaux qui a fait le tour des réseaux sociaux et indigné la France - jusqu'au président du tribunal, qui s'en est ému à l'audience -, Pierre Palmade est abstinent. Il se soumet à des dépistages urinaires deux à trois fois par semaine.
D'après sa sœur Hélène Palmade et son parrain chez les Narcotiques anonymes, ses progrès sont porteurs d'espoir. "Il se soigne et je crois fermement pour la première fois que là il va faire tout ce qu'il faut", a affirmé sa cadette à la barre.
"Je retrouve des plaisirs simples de l'amitié, de la famille, de se réveiller en forme, d'écrire des pensées personnelles", a assuré l'artiste, qui n'envisage pas de remonter un jour sur scène mais "recherche une façon de transmettre un message sur la drogue, un message de rétablissement et d'espoir".
L.Holland--TFWP