The Fort Worth Press - En Côte d'Ivoire, un trafic de clitoris de femmes excisées

USD -
AED 3.672975
AFN 69.498196
ALL 89.749957
AMD 387.175704
ANG 1.803175
AOA 930.486694
ARS 960.495798
AUD 1.481734
AWG 1.8
AZN 1.696572
BAM 1.759367
BBD 2.02015
BDT 119.561013
BGN 1.756904
BHD 0.376709
BIF 2894
BMD 1
BND 1.295642
BOB 6.938335
BRL 5.505399
BSD 1.000405
BTN 83.804812
BWP 13.260469
BYN 3.273937
BYR 19600
BZD 2.01655
CAD 1.35875
CDF 2869.999949
CHF 0.84431
CLF 0.033445
CLP 922.850035
CNY 7.093501
CNH 7.09679
COP 4226.5
CRC 518.911626
CUC 1
CUP 26.5
CVE 99.549928
CZK 22.610403
DJF 177.720316
DKK 6.704104
DOP 60.095377
DZD 132.246968
EGP 48.427904
ERN 15
ETB 115.890033
EUR 0.89832
FJD 2.233197
FKP 0.761559
GBP 0.756995
GEL 2.694969
GGP 0.761559
GHS 15.69956
GIP 0.761559
GMD 70.000238
GNF 8650.000098
GTQ 7.738947
GYD 209.31948
HKD 7.79263
HNL 24.949631
HRK 6.799011
HTG 131.837194
HUF 354.349543
IDR 15393
ILS 3.745395
IMP 0.761559
INR 83.89965
IQD 1310
IRR 42105.000055
ISK 136.819842
JEP 0.761559
JMD 157.288715
JOD 0.7087
JPY 140.628504
KES 129.000032
KGS 84.668801
KHR 4075.000209
KMF 442.72501
KPW 899.999433
KRW 1320.219975
KWD 0.30493
KYD 0.833806
KZT 481.097369
LAK 22105.000304
LBP 89599.999861
LKR 302.163451
LRD 194.950153
LSL 17.724959
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 4.774979
MAD 9.754056
MDL 17.384069
MGA 4559.999986
MKD 55.284531
MMK 3247.960992
MNT 3397.999955
MOP 8.033086
MRU 39.729923
MUR 45.949754
MVR 15.360292
MWK 1735.512179
MXN 19.223304
MYR 4.298972
MZN 63.874977
NAD 17.725
NGN 1639.100258
NIO 36.769888
NOK 10.58938
NPR 134.0877
NZD 1.614535
OMR 0.384948
PAB 1.000495
PEN 3.775969
PGK 3.964995
PHP 55.710301
PKR 278.199735
PLN 3.84276
PYG 7778.527414
QAR 3.6405
RON 4.468303
RSD 105.153361
RUB 91.402043
RWF 1341
SAR 3.753051
SBD 8.334636
SCR 13.62011
SDG 601.490934
SEK 10.178098
SGD 1.295325
SHP 0.761559
SLE 22.847303
SLL 20969.494858
SOS 571.000061
SRD 29.7505
STD 20697.981008
SVC 8.754554
SYP 2512.529936
SZL 17.715036
THB 33.256033
TJS 10.645347
TMT 3.5
TND 3.029497
TOP 2.349803
TRY 34.0336
TTD 6.792894
TWD 31.878009
TZS 2729.452995
UAH 41.512443
UGX 3716.96382
UYU 41.101066
UZS 12755.000385
VEF 3622552.534434
VES 36.72939
VND 24545
VUV 118.722009
WST 2.797463
XAF 590.075114
XAG 0.032539
XAU 0.000387
XCD 2.70255
XDR 0.74151
XOF 590.077768
XPF 107.624962
YER 250.350382
ZAR 17.617303
ZMK 9001.202003
ZMW 26.438177
ZWL 321.999592
  • AEX

    -3.8700

    895.75

    -0.43%

  • BEL20

    -0.4200

    4244.62

    -0.01%

  • PX1

    -15.6800

    7449.44

    -0.21%

  • ISEQ

    -8.7000

    9661.63

    -0.09%

  • OSEBX

    3.5200

    1410.9

    +0.25%

  • PSI20

    -47.8700

    6790.66

    -0.7%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -8.6100

    2600.57

    -0.33%

  • N150

    -4.9700

    3307.1

    -0.15%

En Côte d'Ivoire, un trafic de clitoris de femmes excisées
En Côte d'Ivoire, un trafic de clitoris de femmes excisées / Photo: © AFP

En Côte d'Ivoire, un trafic de clitoris de femmes excisées

Quand il était féticheur, persuadé que cela lui apporterait du "pouvoir", l'Ivoirien Moussa Diallo (*) s'est régulièrement enduit d'un onguent à base de gland du clitoris d'une femme excisée réduit en poudre.

Taille du texte:

"J'ai mis ça sur mon corps et mon visage pendant trois ans" tous les trois mois environ, "j'avais trop envie d'être un grand chef", confie le quinquagénaire à l'AFP. C'était il y a une dizaine d'années, quand on le consultait comme sorcier et guérisseur autour de Touba dans le nord-ouest du pays.

Ce cas n'est pas unique. Dans plusieurs régions de Côte d'Ivoire, "cet organe est utilisé pour faire des philtres d'amour, avoir de l'argent ou accéder à de hautes fonctions politiques", rapporte Labe Gneble, directeur de l'Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (Onef).

Sur le marché clandestin, son prix peut dépasser le salaire minimum (75.000 francs CFA, 114 euros).

A Touba, "on entend que c'est très prisé pour des pratiques mystiques", confirme le lieutenant de police N'Guessan Yosso.

Au terme d'entretiens menés auprès d'anciens féticheurs et exciseuses, chercheurs, ONG et travailleurs sociaux, l'AFP a pu établir l'existence d'un trafic de glands de clitoris de femmes excisées transformés en poudre et vendus pour les pouvoirs qu'on leur prête.

Les origines de ce commerce illégal sont obscures et son ampleur difficile à estimer. Mais les acteurs locaux en sont convaincus, il constitue un des obstacles à la lutte contre l'excision, interdite depuis 1998 en Côte d'Ivoire.

- "Pilé avec des cailloux" -

Autour de Touba, à l'époque où il était féticheur, figure parfois considérée comme un médecin traditionnel, M. Diallo, était souvent sollicité par des exciseuses souhaitant être protégées des mauvais sorts.

Cette mutilation génitale, le plus souvent pratiquée entre l'enfance et l'adolescence, peut être considérée par les familles comme un rite de passage à l'âge adulte ou un moyen de réprimer la sexualité d'une fille, explique l'Unicef.

Perpétuée depuis des siècles par différentes religions en Afrique de l'Ouest, elle constitue une violation des droits fondamentaux selon l'Unicef. En plus de la douleur physique et psychologique, ses conséquences sont graves voire mortelles: stérilité, complications en couches, infections, saignements...

En pleine forêt ou dans une maison, M. Diallo accompagnait donc les exciseuses dans un lieu sacralisé pour l'occasion d'une ou plusieurs dizaines d'excisions. Proche de ces femmes, il pouvait ainsi se procurer la fameuse poudre.

"Quand elles coupent le clitoris", les exciseuses "le font d'abord sécher pendant un mois ou deux" puis elle le "pilent avec des cailloux", décrit-il.

Le résultat est une "poudre noire" qu'elles mélangent parfois à "des feuilles, des racines, des écorces" ou "du beurre de karité".

Elles peuvent la vendre environ "100.000 francs CFA (152 euros) si la fille est vierge", "65.000 francs CFA (99 euros) si elle a déjà eu des enfants" ou la troquer contre des services, poursuit M. Diallo.

Selon l'homme, qui milite désormais contre l'excision, le trafic perdure.

Dans le village où il habite aujourd'hui, il dit s'être récemment procuré une poudre auprès d'une exciseuse. Un mélange de chair humaine et de plantes dit-il, que l'AFP a pu observer sans pouvoir le faire analyser. Le produit est impossible à obtenir sans transaction financière.

- "Trafic d'organes" -

Selon les villages, le clitoris des fillettes et jeunes filles est habituellement enterré, jeté dans une rivière ou donné aux parents, expliquent d'anciennes exciseuses à l'AFP.

Mais l'une d'elle, interrogée dans l'ouest du pays sous couvert de l'anonymat, confirme l'utilisation occulte de clitoris arrachés aux femmes.

"Des gens se faisaient passer pour les parents des filles et repartaient avec le clitoris", se souvient-elle.

Parmi ces imposteurs, des féticheurs qui utilisaient l'organe lors d'"incantations" et le vendaient ensuite, affirme-t-elle.

Une autre accuse des consœurs d'avoir été complices. Elles "donnaient ça à des gens qui faisaient un mauvais travail" à des fins mystiques.

Mutilée lorsqu'elle était enfant, Bintou Fofana (*), trentenaire, raconte comment sa mère, au courant de ce commerce, lui a expliqué avoir tenu à récupérer la chair retirée.

Au regard du droit ivoirien, le commerce du gland du clitoris est "un trafic d'organes" et un "recel" punissable, comme l'excision, de plusieurs années de prison et d'amendes, souligne l'avocate Me Marie Laurence Didier Zézé.

La préfecture de police basée à Odienné, qui couvre cinq régions du nord-ouest ivoirien, indique n'avoir jamais poursuivi personne pour un tel trafic.

"Les gens ne donnent pas d'informations sur les choses sacrées", déplore le lieutenant N'Guessan Yosso.

Selon des habitants interrogés à Touba, les exciseuses, considérées comme prisonnières d'esprits maléfiques, sont craintes et respectées.

- "Farfelu" -

"Le clitoris ne peut pas donner de pouvoirs", balaye la gynécologue Jacqueline Chanine basée à Abidjan, "c'est farfelu".

La pratique se retrouve pourtant dans plusieurs régions, témoignent des chercheurs.

Le socio-anthropologue de la santé Dieudonné Kouadio a pu s'en rendre compte à l'occasion de travaux sur l'excision menés à 150 km au nord de Touba, dans la ville d'Odienné.

"On m'a présenté une boîte qui contenait justement l'organe ablaté, séché, sous forme de poudre un peu noirâtre", raconte ce chercheur à l'université de Bouaké.

Il a fait part de cette découverte dans une étude réalisée avec la fondation Djigui, acteur important de la lutte contre les mutilations génitales féminines en Côte d'Ivoire.

Le ministère de la Femme, qui a validé les conclusions de cette étude parue en 2021, n'a pas donné suite aux demandes de réaction de l'AFP.

Dans le district du Denguélé, dont fait partie Odienné, des agriculteurs "achètent des clitoris. Ils mélangent la poudre avec les semences pour améliorer la production de leurs champs", détaille Nouho Konaté membre de la fondation Djigui qui récolte des informations depuis 16 ans sur l'excision.

Pendant les actions de sensibilisation qu'il organise, M. Konaté révèle l'existence de ce trafic aux parents de jeunes filles, qui sont "abattus".

Plus au sud, dans le centre-ouest, des femmes utilisent des clitoris réduits en poudre comme aphrodisiaques, espérant par exemple empêcher leur mari d'être infidèle, explique la docteure en criminologie Safie Roseline N’da, auteure avec deux chercheurs en sociologie d'un article scientifique sur la lutte contre l'excision paru en 2023 qui mentionne ce trafic.

Les trois universitaires rapportent également l'utilisation du sang de femmes excisées pour adorer des dieux.

Ce n'est pas la seule pratique occulte liée à l'utilisation d'une partie du corps dans ce pays, selon Me Didier Zézé.

"Le mystique y a une dimension centrale dans la vie quotidienne, il touche toutes les sphères de la vie sociale, professionnelle, amoureuse, familiale", note l'anthropologue canadien notamment spécialiste des pratiques occultes en Côte d’Ivoire Boris Koenig, sans que cela ne soit généralement "illicite" ajoute-t-il.

- "Survivance" -

Ce commerce est "une des raisons de la survivance des mutilations génitales féminines" en Côte d'Ivoire, dénonce la fondation Djigui comme l'Onef, ONG de lutte pour l'amélioration des conditions de vie des femmes depuis les années 1990.

Le taux de prévalence de l'excision a baissé dans le pays depuis son interdiction et reste en deçà de la moyenne ouest-africaine (28%), selon l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Mais une Ivoirienne sur cinq affirme encore avoir subi des mutilations génitales et dans certaines régions du nord, le taux peut dépasser 50%.

Dans les lieux où était appelé l'ancien féticheur Diallo, jusqu'à "30 femmes" étaient excisées en une journée, assure-t-il. La période de janvier à mars est privilégiée, quand l'harmattan chaud et sec permet une meilleure cicatrisation, précise-t-il.

A Touba, les agents du seul centre social de la région constatent que l'excision se poursuit clandestinement et reste difficile à évaluer.

Elle se cache derrière des fêtes traditionnelles sans lien apparent, disent-ils évoquant la venue d'exciseuses de la Guinée voisine, située à quelques kilomètres et où le taux d'excision dépasse les 90%.

(*) Les noms ont été modifiés.

M.McCoy--TFWP